Borgogna | Annata 2022
S’il fallait retenir un élément clé sur ce millésime 2022 en Bourgogne, ce serait le retour d’une vraie générosité de la nature qui a donné naissance à des volumes de production importants. Ceux-ci ne sont pas synonymes de qualité moindre, bien au contraire. Le niveau qualitatif s’avère très bon, en dépit de conditions climatologiques intenses. Si l’hiver avait commencé dans un registre froid, les choses vont rapidement s’inverser dès le mois de février et c’est alors la douceur qui va s’installer. Les températures relevées ont été plus élevées que les normales jusqu’en mars avant qu’une vague de froid ne vienne ralentir la physiologie des vignes. Le débourrement a eu lieu heureusement moins précocement que ce qui aurait pu être craint, permettant aux quelques épisodes de gel marqués de début avril de ne faire que des dégâts très limités (mais parfois importants). Par la suite, le cycle végétatif (et notamment la floraison qui a débuté à la mi-mai) va se dérouler sans encombre avec une météo clémente associant des précipitations de moins en moins abondantes jusqu’en mai et des températures élevées. Le mois de mai a par exemple été le plus chaud enregistré dans la région depuis 50 ans ! Les sorties de grappes vont rapidement montrer une quantité très importante, les vignes surproduisant naturellement après les graves accès de gel qu’elles avaient souvent connu en 2021. Le mois de juin a fait figure d’exception avec d’importantes précipitations souvent orageuses (parfois accompagnées de violentes tombées de grêle). Cela a toutefois permis aux sols de reconstituer des réserves d’eau et aux vignes de ne pas trop subir de stress hydrique. Par la suite, l’été a été très sec, très chaud (se positionnant juste après 1947 !) et ensoleillé. Quelques orages courant août viendront apporter un peu d’eau, permettant aux raisins de terminer correctement leur maturation. Le pinot noir présente, in fine, de très bons niveaux de maturité, plus avancés que pour le chardonnay qui a été pénalisé par l’importance de la charge des grappes. Initiées de manière très précoce dès la mi-août pour les crémants, les vendanges se sont poursuivies une semaine plus tard en Côte de Beaune. Elles se sont étalées jusqu’à la troisième semaine de septembre, notamment en Côte de Nuits et dans le Chablisien. In fine, les caves ont été bien remplies grâce à des rendements qui n’avaient plus été observés depuis plusieurs années. Les vins blancs présentent un profil riche et bien aromatique (notes florales et de fruits mûrs), souvent tendres en bouche. Dans le Chablisien, les vins sont amples et riches et dotés d’une fin de bouche salivante. En Côte de Beaune, les vins affichent une matière charnue et gourmande associée à un profil aromatique complexe. Également de belles maturités en Côte chalonnaise où les vins, souples et corpulents, offrent une palette fruitée large. Enfin, dans le Mâconnais, on retrouve également des vins très aromatiques, souples mais non dénués de fraîcheur. Du Chablisien au Mâconnais, les vins sont donc de très belle facture, complexes et équilibrés, et présentent un joli potentiel de garde. Du nord au sud de la Bourgogne, les vins rouges se montrent globalement très réussis, affichant une couleur profonde, une chair dense et des profils aromatiques intensément fruités. Les tannins sont particulièrement soyeux, offrant des bouches veloutées et profondes. Là encore, les vins ont conservé de beaux équilibres et disposent d’un grand potentiel de garde même s’ils sont déjà très agréables à déguster jeunes. Dans le grand auxerrois et en côte chalonnaise, les vins offrent une très belle maturité et un fruité particulièrement séduisant. En Côte de Nuits comme en Côte de Beaune, les vins ont beaucoup de panache, affichant une grande profondeur aromatique et une matière pleine. Ils sont armés pour affronter le temps.