Bourgogne | Millésime 2015
Dès le printemps, le ton est donné : le millésime sera précoce. La floraison se déroule en quelques jours début juin, annonçant le lancement des vendanges fin août, début septembre.
Une année également marquée par un été exceptionnellement beau et chaud, même très chaud, surtout en juillet. L'avance prise au printemps a été en partie neutralisée par un mois de juillet quasi caniculaire et un manque d'eau qui a bloqué la progression des maturités. Le retour de quelques précipitations en août relance les vignes, et la maturation des raisins démarre alors très rapidement avec une progression exceptionnelle des teneurs en sucres. Les niveaux d'acidité restent très satisfaisants, en harmonie avec le potentiel aromatique déjà perceptible, ils donneront des vins parfaitement équilibrés.
La météo estivale éloigne aussi tout risque de développement de pourriture. L'état sanitaire du vignoble est excellent. Cette situation quasi parfaite permet de récolter de superbes raisins à maturité idéale, mais revers de la médaille (surtout pour les vignerons), les rendements sont très nettement en-dessous de la moyenne...
Les rouges de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune sont rares mais superbes ! Les vins offrent une belle chair dense avec des tannins bien mûrs et juteux et une très longue garde est assurée. En revanche, comme les 2005, une période de fermeture assez longue est probablement à prévoir… Un peu comme en 2009, tous les niveaux de la hiérarchie des terroirs sont réussis et les esprits chagrins feront remarquer à juste titre qu'en vins jeunes la différence se fera moins sentir que sur des millésimes globalement moins réussis. Mais au bout d'une dizaine d'année et plus, les grands climats marqueront sans aucun doute leur différence...
L'amateur averti, mais au budget plus limité, pourra se tourner avec profit vers les appellations moins médiatisées, par exemple la Côte Chalonnaise, notamment à Rully ou à Givry, et vers le Mâconnais où les rouges (de gamay ou de pinot) sont splendides et plus faciles à aborder dans leur jeunesse que ceux de Nuits ou de Beaune.
Le chardonnay a parfois souffert des hautes températures estivales. Il était difficile de récolter ce cépage au bon moment. Certains se sont précipités et ont produit des vins certes frais, mais flirtant avec le végétal, d'autres attendant un peu trop et obtenant des vins blancs lourds et marqués par l'alcool. En blanc, il faudra privilégier les terroirs les plus frais (Saint-Aubin, Puligny, Auxey-Duresses). À Chablis, une acidité en retrait pourra surprendre les fans de chardonnays tendus, mais il y a de jolis vins à boire, sans doute un peu plus rapidement que d'habitude.