Bordeaux | Millésime 2016
À Bordeaux, 2016 est un millésime paradoxal. En effet, de nombreuses conditions se sont réunies dans le déroulement climatique de l'année pour en faire un millésime difficile. La première moitié de l'année a été très (trop) humide : avec 850 mm de pluie au premier semestre, contre 400 en 2015, la pression du mildiou a été très forte au printemps. Par bonheur, du moins dans un premier temps, la sécheresse de l'été, dès le mois de juin, a permis d'écarter le plus gros de la menace des maladies. Mais cette sécheresse a duré, quasiment trois mois sans une goutte d'eau, ce qui a fait planer une grosse menace de stress hydrique dans les vignes. Par bonheur, les nuits sont restées relativement fraîches, ce qui a permis de faire progresser quand même - et lentement, ce qui est meilleur - la maturité des baies. Le coup de pouce du destin, c'est deux pluies sans excès le 13 et le 30 septembre qui vont faire revivre la vigne fatiguée par l'été un peu excessif. La maturité va donc se poursuivre tout en lenteur et en profondeur, ce qui est idéal pour les cépages bordelais, en particulier le cabernet-sauvignon. Au final, 2016 se révélera, lors des premières dégustations, comme un millésime exceptionnel, particulièrement rive gauche où le cabernet-sauvignon domine. Après un 2015 déjà de très haut niveau, mais dans un style assez puissant et solaire, suit donc un millésime à l'équilibre plus... équilibré, plus élégant sans doute, avec plus de fraîcheur aussi. Le couple 2015/2016 fait finalement penser, dans son style, au couple 2009/2010.
L'ensemble des appellations de la rive gauche (Médoc et Graves) est donc au sommet, les grandes étiquettes comme les plus modestes, en particulier les plus jolis crus bourgeois qui seront une priorité d'achat pour les amateurs avertis. Les merlots de la rive droite sont très beaux également, mais un peu plus riches et généreux en alcool, d'un équilibre un peu moins tendu que sur l'autre rive. Il y aura de belles affaires dans les vins de Côte et le Fronsadais. Et l'acheteur pointu" a tout intérêt également à se pencher sur les "génériques", Bordeaux et Bordeaux Supérieur où il pourra dénicher de superbes vins "pour tous les jours".
Les blancs secs sont également très réussis dans l'ensemble, avec une belle richesse et des arômes très mûrs parfois même un peu exotiques.
À Sauternes, le millésime 2016 n'engendrera pas des cuvées légendaires de puissance et de botrytis. Mais on trouvera de nombreux vins très plaisants, plus délicats, qui seront très certainement délicieux à boire assez jeunes sur leur fruit.
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