Beaujolais | Millésime 2015
Les vignerons ont toujours deux façons de juger un millésime. À leurs yeux un bon millésime est celui où la qualité est au rendez-vous et indéniablement c'est le cas des 2015 ici. Mais un très bon millésime est aussi celui où les quantités récoltées sont satisfaisantes et là, notre vigneron du Beaujolais fera la grimace, car les volumes sont en baisse considérable, parfois inférieurs à 20 hl/ha...
Pour l'amateur l'essentiel étant bien évidemment la qualité des vins produits, le fan de gamay sera comblé en 2015. On a pourtant frôlé le pire tant la sécheresse était problématique jusqu'au début du mois d'août, mais une pluie bienfaitrice à partir du 10 a permis de débloquer les maturités. Le seul risque était de succomber à la gourmandise d'attendre un peu trop avant de vendanger, car un vent chaud a quelque peu confit les raisins retardataires, donnant des vins lourds, déséquilibrés en alcool et à l'aromatique un peu pataude.
Les vendanges ont été précoces, comme presque partout en France, et ont bénéficié d'un état sanitaire parfait avec une maturité très homogène des baies. Les degrés potentiels sont élevés (entre 13° et 15°), et les robes sont exceptionnellement denses. L'acidité globale était relativement peu élevée pour la région et il fallait être attentif en cave pour ne pas produire des vins manquant de dynamisme, un comble pour le Beaujolais. Ceux qui ont aimé les 2009 et les 2005 ne seront pas dépaysés par un fruit exubérant auquel il est bien difficile de résister ; ceux qui ne jurent que par 2008 ou 2013 risquent de trouver plusieurs cuvées légèrement trop riches et manquant un peu de la tension habituelle. Mais autre point positif : les plus beaux 2015, à Morgon ou à Moulin-à-Vent par exemple, feront de très belles bouteilles que l'on peut envisager de garder une bonne dizaine d'années, voire nettement plus !