Champagne | Millésime 2022
Pour commencer, notre rappel traditionnel : il est important de se rappeler des deux particularités champenoises qui relativisent toujours un peu l’appréciation du dernier millésime dans ce vignoble. La première, c’est que la très grande majorité des bouteilles de champagne consommées… ne sont pas millésimées, mais résultent d’un assemblage de plusieurs millésimes dont la combinaison, en fonction de leurs qualités respectives, est censée apporter un équilibre gustatif quasi constant. Les qualités (ou les insuffisances) d’un seul millésime ne sont donc pas déterminantes. La seconde raison est qu’un champagne est un vin “transformé” et que, pour juger de la qualité réelle d’un millésime, on n’a que deux solutions : soit goûter au bout de quelques mois de vinification les “vins clairs” de l’année, avant leur champagnisation (mais ce ne sera qu’une impression incomplète), soit attendre la fin du cycle de production d’un champagne millésimé, c’est-à-dire plusieurs années plus tard… A l’instar d’autres régions septentrionales, l’hiver en Champagne a été plutôt doux et sec, même si quelques épisodes de gel intense ont émaillé la saison. Le contraste a donc été important entre le temps ensoleillé, presque printanier, observé jusqu’à fin mars et le retour important du gel début avril. Des températures très basses (jusqu’à -8°) ont été observées, impactant significativement certains secteurs comme celui de la Côte des Bar ou la région de Vitry-le-François. Du débourrement des vignes, en moyenne autour de la mi-avril, à leur floraison qui s’est étalée du 30 mai au 7 juin, les conditions météorologiques ont été idéales garantissant un parfait état sanitaire du vignoble. Alors que jusqu’ici, la météo avait été très chaude et sèche, quelques pluies bienfaitrices au cours du mois de juin vont permettre aux vignes d’affronter sans trop souffrir la sécheresse (il n’est tombé que 43 mm de pluie en juillet et en août) et la chaleur parfois caniculaire qui ont été observées jusqu’à la mi-août. L’été 2022 a été le 3ème le plus chaud enregistré dans la région après 2003 et 2018 avec, notamment, un nombre record (68) de jours où la température a dépassé les 25°. Autre facteur clé sur ce millésime, l’ensoleillement qui a, lui aussi, battu des records. Dans ces conditions, les maladies se sont très peu développées, permettant d’obtenir des rendements importants, une bénédiction après la faible récolte observée en 2021. Chardonnay, pinot noir et meunier ont atteint de bons niveaux de maturité (s’accompagnant d’une belle profondeur aromatique) avec toutefois des niveaux d’acidité plus bas qu’à l’accoutumée.